Souveraineté numérique et IA : entre contrôle local et confort des GAFA

Depuis que tu as goûté à ChatGPT, un mélange grisant et inconfortable te tiraille. À chaque requête, tu deviens un peu plus accro. Pas parce que tu ne saurais plus faire sans, mais parce que tu réalises à quelle vitesse tu pourrais faire avec.

Et soudain, c'est le déclic.

Un tuto YouTube te montre quelqu'un qui fait tourner un modèle d'intelligence artificielle local sur son laptop.Un thread Twitter évoque la liberté de Vicuna face à GPT.Un article parle souveraineté numérique, vie privée, libertés fondamentales.

Une question germe alors : suis-je en train de confier mon cerveau à une API contrôlée par les GAFA ?

Le parcours vers la souveraineté numérique : journal d'un utilisateur

Jour 1 : L'enthousiasme de la libération

Tu suis un tuto, téléchargez Ollama, LM Studio. On te promet un GPT-4 local. L'idée séduit : "Tu verras, c'est kif-kif. Mais t'es chez toi, loin de la surveillance des géants technologiques."

Jour 2 : La réalité technique de l'auto-hébergement

Tu découvres les modèles quantisés pour l'IA locale. 4 formats testés. Ton ordi chauffe. Ça rame. Reddit à la rescousse. Un .gguf de 6 Go envoyé par un inconnu. Ton stockage trinque.

Jour 3 : La victoire de la résilience numérique

Ça marche ! Interface, requête, réponse. Pas mal. Pas dingue. Mais c'est chez toi. 0 tracking, 0 limit, 0 facturation. Une première étape vers la souveraineté de tes données.

Jour 4 : La confrontation avec les limites

Pas de mémoire, de fonctions avancées, d'agent, d'image, d'outil. Copier-coller les docs. Zéro formatage. L'output est bof. L'IA open source demande des compromis.

Jour 5 : Le retour à la facilité

Retour sur ChatGPT. La culpabilité te ronge. Le contrôle de tes données mérite-t-il tant d'efforts ?

L'illusion du contrôle face aux GAFA

La "souveraineté numérique" évoque souvent des enjeux macro : États, GAFA, géopolitique.

Mais la vraie bataille est micro : comprends-tu ce que tu utilises ? Es-tu prêt à en assumer le vrai coût ?

Se "dégoogliser" de l'IA, c'est :

  • Comprendre les architectures de modèles d'intelligence artificielle
  • Gérer du hardware adapté à l'IA locale
  • Orchestrer de l'open-source (serveurs, LLM, bases vectorielles, interface, mémoire...)
  • Mettre les mains dans le cambouis technique

Bref, passer de consommateur à constructeur. Un effort considérable, sans garantie de productivité court-terme, mais avec une promesse de résilience numérique.

Les trois problèmes fondamentaux de la dépendance aux IA commerciales

Pourquoi tant de monde saute pourtant le pas vers la souveraineté de leurs outils d'IA ? Car la dépendance à l'IA commerciale pose un triple problème :

1. Le modèle est une boîte noire contrôlée par les GAFA

Impossible de savoir pourquoi il répond ça. Sur quelles données il a été entraîné. De contester ce qu'il affirme. Tu dois croire sur parole une machine entraînée par une boîte que tu ne contrôles pas, sur des données invisibles, avec un objectif inconnu. Et tu en redemandes.

2. Tu ne possèdes aucune donnée

Ton historique ? Dans leur cloud. Tes prompts ? Parfois utilisés pour entraîner le modèle. Tes agents perso ? Hébergés, traqués, verrouillés.

On parle de "prompt engineering", mais sans souveraineté sur ton outil d'IA, tu es un locataire qui aménage une chambre d'hôtel.

3. L'écosystème des GAFA devient un jardin fermé

Les IA commerciales s'améliorent à vitesse grand V. Plus rapides, plus multimodales, plus accessibles. Mais aussi plus... captives.

Tu ne peux pas exporter tes données.Ni modifier leur logique.Ni même comprendre les coulisses.

Tu es dans l'iPhone de l'IA. Et les clés sont ailleurs, loin de toute résilience numérique.

L'apport incontestable des plateformes d'IA commerciales

Sans OpenAI, tu lirais pas cette newsletter.

Le confort des IA commerciales a permis une adoption massive. Il a fait de tpo un utilisateur avancé, voire un pro. Il a boosté l'efficacité, l'autonomie, la créativité de millions de gens.

Et surtout, il a démocratisé l'accès à la puissance cognitive de l'intelligence artificielle.

Pas besoin de comprendre le machine learning. Ni de connaître CUDA. Ni de configurer un reverse proxy.

Ouvre un onglet. Tape un prompt. Te voilà super-humain.

Quel équilibre entre souveraineté numérique et efficacité ?

La vraie question n'est pas "OpenAI ou open-source". C'est :

À quel moment de ton processus créatif ou productif as-tu besoin de contrôle de tes données ? Et à quel moment as-tu besoin de confort ?

Voici un cadre comparatif pour évaluer ton besoin de souveraineté face aux GAFA :

Ce n'est donc pas un choix idéologique. C'est un choix de maturité dans ton approche de la souveraineté numérique.

Une approche pragmatique de la souveraineté numérique

J'utilise ChatGPT tous les jours. Mais j'ai aussi un serveur local avec des modèles d'IA open source.

Quand je veux prototyper vite, j'ouvre ChatGPT. Quand je veux automatiser en profondeur, je passe par mes modèles pour garantir ma résilience numérique.

Quand je veux brainstormer, je m'en fiche que le modèle soit fermé. Quand je veux stocker de la mémoire sur mes idées sensibles, je veux être maître du jeu et maintenir mon contrôle face aux GAFA.

Et je sais que dans un an, ce rapport à la souveraineté de mes données aura encore changé.

Vers une IA modulaire : la souveraineté numérique hybride

La piste la plus prometteuse à mon sens, c'est un système hybride qui respecte notre besoin de souveraineté numérique :

  • Une couche locale souveraine, pour les usages sensibles ou répétitifs
  • Une couche cloud, pour les requêtes puissantes, créatives ou occasionnelles
  • Une couche de mémoire personnelle, interopérable, exportable, cryptée
  • Une interface unifiée, pour basculer à tout moment entre contrôle local et services GAFA

Une sorte de "switch cloud/local", façon Wi-Fi ou 4G, qui garantit ta résilience face aux géants technologiques.

C'est ce vers quoi on pourrait aller, si assez d'utilisateurs exigent cette souveraineté de leurs outils d'IA.

La véritable souveraineté numérique est dans la capacité de choisir

Nul besoin d'installer LLaMA pour être libre. Mais tu dois comprendre ce que tu utilises.

Et te demander au plus tôt : "Si ce service d'intelligence artificielle ferme demain, qu'est-ce que je perds ?"

Si la réponse est "tout", alors la souveraineté numérique n'est peut-être pas une option. Mais une nécessité pour garantir ta résilience face aux GAFA.


La liberté commence sur ton propre serveur.

Si tu veux te lancer dans l'auto-hébergement mais que la complexité technique t'effraie n'aie pas peur.

Dans mon Open Stack 455, je te prends par la main pour installer ton premier serveur facilement en moins d'1h.

J'ai déjà formé 100+ personnes (pas tech) à faire

Tu peux obtenir le workshop ici :

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Cheers,

EM